C’est un peu la fable du fonctionnaire, de l’assistant technique et du consultant. Il était une fois devrait être conjugué au pluriel car l’échelle du temps n’est pas la même pour chacun de nos protagonistes : le consultant est perché sur son petit escabeau pour réaliser brièvement son numéro, l’assistant technique redoute le moment où l’échelle de bois de son projet sera retiré après trois ans d’effort, de diplomatie et de pédagogie. Quant au fonctionnaire, il navigue sur son escalier mécanique sans début ni fin s’interrogeant de temps à autre sur ce qu’il pourra retirer de l’écume de ce projet de développement.
Cette dissociation de l’échelle du temps entre nos trois protagonistes est une source de dysfonctionnements. Cette maladie a un nom : la dyschronie. La dyschronie consiste en une difficulté à appréhender toute notion du temps ou d’organisation temporelle. C’est une pathologie très peu étudiée bien qu’elle semble fréquente. Elle se caractérise par des phénomènes prosaïques ou plus stratégiques. Des exemples ? Dans le cadre de sa mission le consultant adresse un émail avec le besoin d’avoir une réponse dans les quatre heures. L’assistant technique lui répond dans les quatre jours et le fonctionnaire quarante jours après. Ou bien l’assistant technique épuisé par les aller retour entre le bénéficiaire et le consultant n’a plus qu’une préoccupation en tête : la réception d’un livrable conforme aux termes de référence. Cette réception se fait parfois au détriment de la pertinence du travail demandé ou des effets produits. Entre le temps long du fonctionnaire et le temps bref du consultant c’est le management du projet qui est en jeu. Si la gestion du programme est organisée en mode projet de façon à assurer un pilotage stratégique, la gestion des activités répond à une autre logique : le point focal désigné par les institutions est assujetti à sa hiérarchie ! Dans ce contexte, son arbitrage entre les tâches quotidiennes et l’activité du projet se fait au détriment de ce dernier. La réussite de l’activité dépend alors du dynamisme de l’assistant technique et de ses capacités à « secouer le cocotier ». Mais cet engagement a une limite : l’épuisement. Tant va l’assistant technique au boulot qu’à la fin il se brise tel pourrait être la morale de l’histoire. Mais foncièrement optimiste nous invitons plutôt à nous interroger sur nos pratiques de management afin de soutenir le point focal, l’assistant technique …et le consultant !